Au centre de l’Espagne, à 67 kilomètres de Madrid, la ville de Tolède se dresse sur une colline qu’entoure un grand méandre du Tage.
Son important patrimoine artistique et culturel est un témoignage exceptionnel non seulement de son histoire mais aussi de celle de l’Espagne.
La situation privilégiée de la colline, dominant les terres avoisinantes, a favorisé de tout temps l’installation de populations à cet endroit, comme le montrent les restes archéologiques de l’Âge du bronze qui ont été découverts.
En 192 av. J-C, les Romains fondèrent la petite ville fortifiée de « Toletum ».
Au VIe siècle, elle fut occupée par les wisigoths qui en firent leur capitale politique et religieuse et l’embellirent. L’église mudéjar de San Román est le siège d’un musée consacré à l’exposition des vestiges de la culture wisigothe à Tolède.
Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. Au XIème siècle, elle devient la capital d’un petit royaume musulman et un centre culturel important.
La ville conserve de nombreuses traces de l’occupation maure : le tracé de ses ruelles étroites et divers monuments . L’ancienne mosquée de Bab-al Mardoum construite en 999, devenue l’église San Cristo de la Luz est inspirée de la mosquée de Cordoue.
En 1085, pendant la Reconquête, Alphonse VI de Castille reprend la ville aux musulmans et réussit à unir sous son autorité, chrétiens, juifs et musulmans.
Tolède devient alors « la ville des trois cultures » et les échanges culturels donnèrent lieu à la création d’une communauté intellectuelle particulièrement féconde : la « Escuela de Traductores de Toledo » (l’École des traducteurs de Tolède) dont la mission était de traduire au castillan, et d’interpréter, les textes écrits en latin, en grecs, en arabes et en hébreux.
La coexistence de ces cultures a donné lieu à un nouveau style artistique, « l’art mudéjar » qui incorpore à l’art roman et gothique des éléments et des matériaux de l’art musulman.
Ce style se retrouve particulièrement dans deux anciennes synagogues : Santa Maria la Blanca et el Tránsito.
L’art gothique est représenté par la cathédrale, œuvre de l’architecte Rodrigo Jimenez de Radas, commencée en 1226 et terminée en 1492.
Le magnifique pont de Saint-Martin est aussi de style gothique.
Au temps de rois Catholiques, Tolède continua à jouer un rôle important en tant que capitale politique et religieuse.
Les rois firent construire l’église de San Juan de los Reyes destinée à recevoir leur sépulture.
Charles V lui donna à Tolède le statut de « ville impériale et couronnée ». Il fit construire l’Alcazar sur les ruines des forteresses romaines et wisigothes.
La porte de Bisagra, porte d’entrée principale de la ville , fut spécialement remodelée pour recevoir l’empereur lors d’une de ses visites à la ville.
Son successeur, Philippe II choisit Madrid pour capitale et Tolède perdit sa position priviligiée . Cependant, elle continua à attirer les artistes, le plus connu d’entre eux étant Le Greco qui s’installa dans la ville en 1577.
Le musée du Greco expose des tableaux représentatifs des différentes étapes du parcours artistique du peintre.
Classée au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1986, Tolède , aujourd’hui ville de province, n’en reste pas moins une ville d’art, un lieu hors du commun et hors du temps.